La pleine présence
Pleine conscience
C'est l'état dans lequel nous sommes immergé lorsque le "je" est absent. Cette présence est pleinement ouverte au monde, empathique, relaxée, sans tension mais lucide. On parle aussi de Pleine Conscience mais on préfèrera le terme de "Présence à ce qui est" plutôt que de "conscience de" trop duel.
Une présence attentive et ouverte
La Pleine Présence est une présence attentive et ouverte. Attentive, car elle se pose en un seul point, sur une seule chose, exerçant ainsi une vigilance dans l'ici et maintenant. Ouverte, car tous les sens sont en éveil, orientés aussi bien vers l'intérieur que vers l'extérieur, dans une totale communion. Cette présence est donc spacieuse, englobant tout, et porte en elle de nombreuses qualités. Cet état nous rend plus pacifique, consensuel mais aussi plus ouvert, empathique, performant au travail et tranchant quand cela est nécessaire. Cet état est naturel, non fabriqué. Nous pouvons revenir et développer cet état par la méditation. Les effets d'une pratique quotidienne ont été à de nombreuses reprises étudiées et validées par les neurosciences.
Plus récemment, un protocole appelé Open Mindfulness Training, élaboré par Denys Rinpoché, a été spécialement conçu pour répondre aux besoins de chacun dans un cadre laïc et agnostique. Cette méthode, enseignée dans un cadre déontologique strict, utilise la pédagogie orientale et occidentale et respecte une éthique universelle. Ce programme est adapté aux personnes souffrant de stress, d'anxiété, de troubles dépressifs tout comme aux personnes s'engageant dans une démarche spirituelle a-culturelle.
L'entrée dans la vie contemplative
Au travail comme à la maison
L'approche psychologique et thérapeutique a rendu nécessaire une réflexion sur une méthodologie contemplative ajustée au besoin du patient tout en s'intégrant à la démarche thérapeutique globale. Les résultats de cette recherche ont été testés et approuvés par de nombreux patients qui ont pu constaté qu'un entraînement régulier à la méditation leur permettait d'accéder à une nette amélioration de leur santé, une meilleure stabilité émotionnelle, une plus grande efficience au travail, mais aussi un apaisement dans leurs relations.
Améliorer ses conditions de vie, son rapport à l'activité et structurer un projet personnel ou professionnel passent par la définition de ses besoins, de ses attentes, de ses compétences et des opportunités sur le terrain. Cette réflexion nécessite parfois de passer en revue son parcours pour mieux connaître ses points de forces, de fragilités, ses valeurs et son éthique personnelle. Outre cette réflexion de fond, notre hygiène de vie globale est à prendre en compte.
Les pratiques visant le calme mental et l'ouverture empathique permettent de développer une attitude de tolérance, de bienveillance, tout autant que de lucidité et d'efficacité. L'esprit clair, le travailleur perçoit mieux son environnement, la tâche à exécuter, l'enchaînement des actions à mener. Son geste est plus sûr et plus sécure. L'esprit clair, il devient plus réceptif, plus à l'écoute et sait mieux s'adapter à son environnement et aux situations imprévues. L'esprit clair permet la créativité tout autant que la synchronicité.
La bienveillance relationnelle
L'entraînement à la compassion doit toujours commencer par soi-même. Etre en amitié avec soi, avec son corps, ses émotions et ses pensées est le début du chemin. Seulement ensuite, nous pourrons nous entraîner à nous ouvrir aux autres avec bienveillance.
Pour bien comprendre : une relation implique un sujet et un objet : un sujet qui observe et un objet perçu comme autre. La relation est constituée d’une somme d’interactions entre le sujet et l’objet. Cette relation duelle présente trois types de force : attraction, répulsion ou ignorance. Plus la relation est investie par le fait que l’objet est perçu comme autre, plus il y a de dualité, plus la force de la polarisation est grande. Dans ce cas, la relation est source de souffrance, de saisies, et fait se développer projections et émotions.
Dans une approche contemplative, nous admettons six sens : les cinq sens externes que nous connaissons habituellement (vue, ouïe, toucher, goût, odorat) et un sixième sens qui est le sens mental dont les objets sont les pensées et les émotions. Dans une relation très polarisée, le sens mental est surdéveloppé, appréhendant le monde à travers les concepts mentaux et s’éloignant de la réalité de l’expérience première sensorielle. Il y a ici beaucoup d’illusions, de croyances, de résistance, de tentative de contrôle qui rendent l’observateur inadapté. La maladie, c’est la résistance.
Dans la pratique de la méditation, le premier entraînement vise à réinvestir les sensations corporelles pour résoudre l’état dissociatif (le fait de se sentir coupé de son corps, perché dans le mental) et l’état de déréalisation (le fait de sentir coupé du monde dans une sensation d’étrangeté). On réinvestit les sensations, se dégageant des concepts mentaux, pour revenir à la relation première, toute simple, non connoté. C’est ce que nous appelons une relation saine, qui n’est pas trop marquée par les trois forces (attraction, répulsion, ignorance). C’est ce que l’on nomme la « nue sensation). L’observateur de la sensation est ouvert, léger, bienveillant et spacieux, dans le sens où il laisse toute la place à l’objet de sensation pour le laisser exister tel qu’il est. Il accueille le monde tel qu’il est, l’expérience telle qu’elle est. Il y a moins de résistance, plus d’accueil.
Dans un second entraînement, l’observation se dissout pour laisser encore plus de place à l’expérience telle qu’elle. On arrive à un état d’union, d’unité dans la dualité. Tout est perçu, dans un état de communion complet. L’observateur devient la situation. Il fusionne avec la situation. Cela le rend extrêmement agile, adapté et bienveillant en toutes circonstances. Il devient l’expression de l’harmonie en action. C’est l’état de Pleine Présence Ouverte et Empathique.
L'intelligence de nos émotions
Une émotion est une pensée chargée d’énergie. Elle s’exprime à travers les sensations corporelles et se traduit par un état mental. L’émotion donne des informations sur le vécu et les besoins. En ce sens, l’émotion est toujours bonne. C’est notre relation à elle qui parfois est inadaptée. Une émotion a besoin d’entendu, ressentie dans ce qu’elle exprime. Or, le plus souvent, nous réagissons en nous refugiant dans le mental. Le mental a tendance à écraser les émotions, à mettre le couvercle dessus. D’où l’effet cocotte-minute que nous observons trop souvent.
Dans une approche contemplative, on distingue cinq classes d’émotions névrotiques :
-
La peur : qui nous fait nous refermer sur nous même, oublier, refouler, nier.
-
La colère : qui est associé au sentiment d’injustice et qui exige la vérité et l’organisation.
-
L'orgueil : qui conduit à la vanité et à l’avidité.
-
La passion - le désir : qui va de pair avec des conduites addictives et la quête affective.
-
La jalousie : qui est liée à la compétition et à l’esprit de réussite, ou d’échec.
Ces émotions sont névrotiques parce qu’elles sont coincées. On ne leur permet pas d’exprimer leur qualité fondamentale, le plus souvent par crainte qu’elles ne débordent ou par méconnaissance de leur intelligence.
Dans une démarche contemplative, un premier entraînement vise à apprivoiser ces émotions négatives pour mieux les connaître. Les connaître par la sensation et non par le mental. Plutôt que de réagir dans la situation relationnelle, on apprend à accueillir et à laisser diffuser leur énergie dans le corps jusqu’à ce que l’apaisement arrive. Alors seulement, on pourra passer à l’action. Un esprit éclairé est un esprit serein.
Une émotion complètement apaisée fait apparaître sa qualité, sa sagesse :
o L’ouverture spacieuse de la Pleine Présence.
o La clarté des phénomènes et la compréhension de notre santé fondamentale.
o La richesse profonde présente dans cette bonté fondamentale et équanime.
o L’amour : le cœur est ouvert et peut embrasser le monde avec discernement.
o L’accomplissement spontané : tout est acté intelligemment et promptement dans la détente.
Dans un deuxième entraînement, nous apprenons à faire confiance inconditionnellement en ces cinq sagesses en nous laissant l’observateur se dissoudre dans l’expérience. La Pleine Présence est réalisée et stabilisée. C’est un entraînement qui demande courage et ténacité : c’est l’entraînement d’une vie.